mercredi 13 décembre 2006

Le bruit que fait une vitre qui éclate !

J'écoutais les informations ; arrêtée à un feu rouge ; contente d'être confortablement à l'heure pour mon TD (séance de travaux dirigés) à Villetaneuse (au département informatique de l'IUT) ; France-Inter venait de passer une chronique assez caustique sur Nicolas Sarkozy : il réunit aujourd'hui des "jeunes des banlieues" pour les écouter je crois ; au passage j'avais aussi appris qu'une association d'aide à la création d'entreprises par ces mêmes jeunes avait reçu un très sérieux coup de main ... du Ministère de l'intérieur : dommage que les associations existant depuis longtemps sur les "quartiers" aient vu leurs subventions réduites en 2005 ... juste avant que les banlieues ne s'enflamment en novembre dernier !

J'en étais là de mes réflexions… Le feu allait passer au vert dans 10, 20 secondes ; j'aurais pu y arriver 30 secondes plus tôt et ne pas être arrêtée par le feu rouge ; j'aurais pu, sur le chemin entre Lamorlaye et ce feu, appuyer un peu fort sur le frein : mon cartable aurait alors glissé du siège du passager par terre, et aurait été invisible ; le jeune qui a fracassé ma vitre et s'en est emparé serait passé 30 secondes après moi...

Mais ce matin là, un jeune a fait le sale boulot pour Nicolas Sarkozy ; en se conduisant comme un sauvage, il lui donne apparemment raison...

Le bruit que fait une vitre qui éclate !
La peur que fait ce bras qui s'avance, se projette dans la voiture pour arracher ...
Quoi ? Un cartable !
Pourquoi ? Le plaisir de faire peur ? J'apprendrai que ne sont "attaquées" que les femmes seules ! Le besoin d'argent ? La drogue pourrit, parait-il, la trop fameuse cité Allende !
Qui fait ça ? Un très jeune je crois ; mais je l'ai à peine vu ; passé une espèce de tétanisation, j'ai démarré et fait demi-tour pour essayer de retrouver mon agresseur ; personne sur le parking de la piscine mais derrière une des piles du pont qui passe la voie ferrée il y a quelqu'un : il a posé son sac à dos ; j'essaye de le voir en reculant ; il se cache ; j'ai encore trop peur pour oser sortir : je suis embarrassée par mon doigt cassé (c'est une autre histoire...) et j'ai peur en quittant ma voiture de me faire voler mon sac à main ou ma voiture !
J'ai honte d'avoir peur : c'est contraire à ce que je crois profondément : qu'il faut respecter l'autre dans sa spécificité ; en avoir peur c'est le rejeter... Qui, quelle politique, quels politiques nous ont menés à ce point ?

Et voilà ! Je suis arrivée en retard finalement !
Et j'ai eu du mal à penser à autre chose que ce qu'il y avait dans ce sac : rien de vendable ou à accrocher à un arbre de Noël !
Comme j'ai la manie de transporter tout ce qui devrait être fait dans la journée il y avait :
- 2 paquets de copies - faudra-t-il refaire des contrôles ?
- des documents de travail ,
- mon cahier "CACGL", mon cahier "ALMA" -chacun avec des renseignements précieux certes, mais seulement pour moi et ces associations...
- des annonces de concerts, des titres de livres, des papiers médicaux,
- des documents qu'on m'a confiés pour un projet de l'ALMA - pourvu que le rédacteur en ait gardé un double...

Un banal car-jacking sans intérêt pour le voleur, traumatisant et très ennuyeux pour la volée (et agressée)...

Je découvrirai un peu plus tard (maigre consolation) que le discours de Sarkozy n'a pas beaucoup de succès ; au moins auprès des policiers de Villetaneuse (11 aujourd'hui pour 46000 habitants ; ils étaient 35 il y a 2 ans... d'après celui qui a pris mon dépôt de plainte) ; et auprès des agents de sécurité du campus qui sont venus avec moi examiner les poubelles et les bosquets autour de la cité Allende ; et de tous les gens, administratifs de l'IUT ou de l'université, habitants de la cité, passants constatant l'état de ma voiture qui ont tous évoqué les vrais problèmes :
- la drogue qui appelle le besoin d'argent.
- la concentration de familles fragilisées et toutes des mêmes origines ethniques.
- l'absence d'effet "éducatif" de la prison : une "bande" emprisonnée depuis 6 mois vient de finir sa peine : le calme était revenu mais c'est fini maintenant.
- ce sont des jeunes mineurs qui font ça ; dès qu'ils sont majeurs ils ne prennent plus de risques ; on m'a dit aussi qu'ils n'étaient pas souvent condamnés ; encore faut-il avoir des preuves convaincantes : pour mon voleur, il n'y en aura pas sauf si un policier avait été juste derrière ma voiture ; mais dans ce cas, il ne se serait rien passé !

Ce petit accident de parcours m'a fait toucher du doigt -ce que je savais déjà- que le discours de Nicolas Sarkozy en particulier sur le rôle de la famille et sur le traitement des mineurs s'appuie sur une réalité .... Réalité que Ségolène Royale aborde elle aussi franchement, sans langue de bois ; et qu'il est urgent d'agir, mais dans le respect et avec mesure.

Je lui fais plus confiance qu'à Nicolas Sarkozy pour y arriver.